Navigation – Plan du site

AccueilNuméros51Avant-Propos

Texte intégral

1Si l’humanité a toujours été contrainte dans ses choix énergétiques, elle l’est sans doute encore plus aujourd’hui et ce malgré la diversité croissante des ressources. L’actuel système énergétique doit en effet impérativement changer car il n’est ni viable, ni vivable et encore moins équitable. Il n’est donc pas soutenable, comme d’ailleurs notre actuel modèle de développement.

2D’où l’émergence du concept de transition énergétique qui est au cœur de nombreux débats et qui interpelle de plus en plus le monde de la recherche. En effet, changer de système énergétique implique d’abord des innovations technologiques permettant de mieux exploiter les énergies renouvelables, de mieux (et souvent de moins) consommer l’énergie et surtout de réduire les nuisances. Le monde scientifique et technologique est ainsi de plus en plus sollicité car sans innovations en termes de production, de distribution, de stockage et de réduction des impacts environnementaux, il n’y a guère de futurs possibles. Mais l’énergie n’est pas qu’une question d’offre et de technologies ; c’est aussi une question de demande, où chacun est concerné à la fois individuellement et collectivement. Et dans ce cas, les enjeux sont non seulement économiques mais encore sociaux et politiques, ce qui explique l’intérêt croissant des sciences humaines et sociales (géographie, histoire, sociologie, psychologie sociale, urbanisme, architecture, philosophie…) pour les questions énergétiques.

3L’énergie est en effet au cœur de nos modèles sociétaux et permet de nous interroger sur notre rapport à l’environnement, sur la montée en puissance des inégalités et des vulnérabilités touchant de plus en plus d’hommes et de territoires, sur les politiques à mettre en place à toutes les échelles et sur l’impact des politiques... Peut-on modifier radicalement et structurellement sur le long terme nos manières de produire et de consommer l’énergie et quelles sont les voies les plus pertinentes pour y arriver ?

4On ne peut donc que louer l’initiative prise par deux jeunes chercheurs géographes de l’Université d’Aix-Marseille d’avoir organisé, le 10 avril 2014, une journée « Jeunes Chercheurs » sur le thème « Vers une ou des transitions énergétiques en Méditerranée ? Entre théories et expériences » et d’y avoir rassemblé huit intervenants différents issus des sciences humaines et sociales, économiques, juridiques et politiques. Ayant participé à cette journée, j’ai été frappée non seulement par la qualité des travaux présentés mais encore par la qualité des échanges intervenus entre les différents discutants sollicités par les organisateurs et les chercheurs et ce tout au long de la journée. Une réunion scientifique digne de grands colloques organisés par des chercheurs aguerris… Il était donc logique que tout ce travail débouche sur une publication, ce qui est le cas aujourd’hui.

5La thématique traitée ne manque en effet pas d’intérêt. Elle permet d’abord d’éclairer la situation des énergies renouvelables dans le monde méditerranéen en s’attachant principalement à trois de ces énergies : le soleil, le vent et la biomasse. Mais l’objectif des auteurs n’est pas de dresser un bilan : ils veulent souligner les enjeux en s’attachant plus spécifiquement au rôle des acteurs et aux logiques d’échelles. Le travail a ainsi le grand mérite de rappeler que les bonnes pratiques et les actions innovantes émanent toujours d’initiatives précises d’acteurs spécifiques (publics ou privés, entreprises ou simples citoyens) souvent mises en œuvre localement, voire régionalement, dans des cadres spatiaux souvent particuliers, et qu’il est ainsi fondamental d’articuler des analyses à différentes échelles pour mieux comprendre comment ces initiatives sont prises, où elles se développent, comment elles fonctionnent, leurs facteurs de succès ou d’échec ou encore les freins à leur développement. On y insiste également sur les cadres légaux qui les encadrent ou les favorisent et sans lesquels beaucoup d’initiatives risquent d’échouer.

6Sans conteste, cette première publication ouvre des voies à des travaux ultérieurs, en montrant que l’énergie, et plus spécifiquement la transition énergétique, comme d’ailleurs toutes les autres matières premières (ressources minières, sols, eau …) issues tant des continents que des mers et océans, constitue un nouveau champ d’investigation pour les chercheurs en sciences humaines.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Bernadette Merenne-Schoumaker, « Avant-Propos  »Rives méditerranéennes, 51 | 2015, 5-6.

Référence électronique

Bernadette Merenne-Schoumaker, « Avant-Propos  »Rives méditerranéennes [En ligne], 51 | 2015, mis en ligne le 15 octobre 2016, consulté le 19 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/rives/4905 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rives.4905

Haut de page

Auteur

Bernadette Merenne-Schoumaker

Bernadette Merenne-Schoumaker est Professeure à l'Université de Liège

Haut de page

Droits d’auteur

CC-BY-NC-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Search OpenEdition Search

You will be redirected to OpenEdition Search